11 mars 1901 : inauguration de l’Institut électrotechnique

Vie de l'établissement
le  18 mars 2021
L'Institut d’électricité industrielle, vu depuis l’observatoire astronomique du palais de l’université (Bibl. univ. Grenoble, Aa48, Université de Grenoble, 1900)
L'Institut d’électricité industrielle, vu depuis l’observatoire astronomique du palais de l’université (Bibl. univ. Grenoble, Aa48, Université de Grenoble, 1900)
Il y 120 ans, le 11 mars 1901, est inauguré l’Institut électrotechnique, actuelle Grenoble INP - Ense3, UGA, école d'ingénieurs spécialisée dans les domaines de l'énergie, de l'eau et de l'environnement. C’est au physicien Paul Janet que l’on doit la création de cet institut, sans doute la plus importante des nouvelles filières créées par l’université de Grenoble au tournant du XXe siècle.
Le 2 février 1892, c’est pourtant sans l’appui de la faculté des sciences que Paul Janet donne sa première conférence sur l’électricité industrielle dans un amphithéâtre pris d'assaut par un public dans lequel figure Aristide Bergès « On peut dire » écrit plus tard ce dernier, « que c'est ce soir [là] que l'Institut électrotechnique est né à la vie ».

Les dispositions de la loi de 1896 qui réforme l’université de France et crée l’université de Grenoble permettent de donner au projet un cadre juridique et financier. Le soutien de la faculté de droit dont plusieurs membres sont étroitement liés aux industriels de l’électricité est essentiel. Son doyen émet notamment le vœu que « la plus grande partie des ressources de l'université soit consacrée au développement de l'enseignement de l'électricité industrielle... ». La faculté des lettres se fait aussi l’écho de cette demande.

Le soutien de la Société pour le développement de l'enseignement technique près l’université de Grenoble, qui rassemble plus de 10 000 francs pour les premiers équipements est décisif dans la mise en œuvre du projet. Le nouvel institut est ouvert le 1er novembre 1900, et inauguré officiellement le 11 mars suivant en présence du directeur de l'enseignement supérieur, Louis Liard, et d’un vaste aréopage comprenant notamment le préfet de l'Isère, le maire de Grenoble (Stéphane Jay), le président de la Chambre de commerce (Casimir Brenier), les doyens des différentes facultés, Paul Janet (devenu directeur de l'École Supérieure d'Électricité de Paris) et le père de la Houille Blanche, Aristide Bergès.

Affiche de l’inauguration de l’institut électrotechnique, 11 mars 1901 (Arch. Dép. Isère, 21 T 131)

La cérémonie est l'occasion d'un flot d'éloquence où les différents orateurs soulignent tour à tour l'importance du nouvel établissement dans le « pays de la Houille Blanche, où l'électricité ruisselle de tous les sommets des Alpes, obéissant à qui sait l'arrêter et la saisir au passage, prête à se métamorphoser au gré de nos besoins en lumière, en force, en travail de toute sorte, ouvrière de richesse et de bien-être ».

À défaut de place dans les murs du palais de l’Université, c’est au rez-de-chaussée et au 1er étages des bâtiments du lycée de jeunes filles, situés à l’angle la rue du Lycée et de la rue général Marchand que s’installe l’Institut, avant que ne suivent, dans des locaux aménagés le long de la rue Condillac, le laboratoire d’essais et de contrôle de l’exploitation électrique municipale, puis le bureau d’essais et de contrôle électrique. En 1904, c’est un amphithéâtre en bois de 350 places qui est aménagé dans une partie de l’ancienne église des jésuites. Le développement du nombre des élèves (18 en 1900-1901, 98 en 1906-1907) rend rapidement la situation intenable avant que, le 31 mai 1907, le testament de Casimir Brenier laisse entrevoir d’autres perspectives pour le développement de l’Institut.
 
Texte de René Favier, professeur émerite d’histoire à l’Université Grenoble Alpes, spécialiste d'histoire des villes et des territoires
Publié le  18 mars 2021
Mis à jour le  25 mars 2021