Amélioration des mesures de précipitations : l’exemple du site arctique Ny-Ålesund

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le  5 juin 2024
Échantillonneur de précipitations (avant gauche) et station météorologique standard à Ny-Alesund © Hans-Werner Jacobi, IGE
Échantillonneur de précipitations (avant gauche) et station météorologique standard à Ny-Alesund © Hans-Werner Jacobi, IGE
Dans un contexte de changement climatique de plus en plus rapide, l’exactitude des données scientifiques joue un rôle primordial. Étant par la suite exploitées dans de nombreuses études, les observations météorologiques nous permettent de mieux comprendre les interactions complexes prenant place au sein du système climatique terrestre. Dans cette optique, une équipe incluant des chercheurs de l'Institut des géosciences de l'environnement (IGE/OSG - CNRS/INRAE/IRD/ UGA - Grenoble INP-UGA) a examiné de manière détaillée les relevés de précipitations de Ny-Ålesund, une localité de l’archipel norvégien du Svalbard dans l’océan Arctique. Elle est parvenue à baisser un biais de mesure ayant faussé les données sur une période récente de quarante ans.
L’étude, dirigée par Olivier Champagne et Hans-Werner Jacobi de l’Institut des géosciences de l’environnement (IGE) et soutenue par l’Institut polaire français (IPEV), met en évidence un problème avec les jauges de précipitations déjà suspecté de longue date. En effet, l'exactitude de ces enregistrements a fait l'objet de débats en raison de problèmes bien documentés avec les jauges de précipitations, en particulier leur sous-estimation lors de conditions venteuses. Les chercheurs ont donc voulu déterminer si la tendance observée sur ce laps de temps était authentique. En appliquant aux données brutes des facteurs de correction développés ces dernières décennies, l’équipe montre que l’augmentation précédemment évaluée à +3,8 mm/an est en fait de +4,5 mm/an (±0,2) sur la période 1975 – 2022. À l’inverse, la même augmentation de +3,8 mm/an estimée par le passé pour la période 1983 – 2022 est en fait de +2,6 mm/an (±0,5) après correction.

Cette surestimation est due à une augmentation dans le temps des chutes de neige humide et des précipitations qui ont été mesurées plus efficacement par la jauge de précipitations. Ce résultat montre la nécessité d'appliquer des facteurs de correction lors de l'utilisation des données des pluviomètres, en particulier dans les régions présentant d'importants changements interannuels des conditions météorologiques. Une analyse minutieuse et rigoureuse des données et des méthodologies de correction dans les études climatiques permet ainsi d’affiner notre compréhension des dynamiques climatiques, facilitant la prise de décision éclairée.
Publié le  5 juin 2024
Mis à jour le  5 juin 2024