Vidange d’un lac glaciaire : inondation catastrophique du Sikkim (Inde) en 2023
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le 17 février 2025
Dans la nuit du 3 au 4 octobre 2023, des milliers de personnes vivant le long de la rivière Teesta au Sikkim et au Bengale occidental, en Inde, ont dû évacuer en urgence leurs maisons alors qu'une déferlante d'eau et de débris dévalait la rivière. Il s'agissait d'une inondation par débordement de lac glaciaire (GLOF), l'un des risques les plus redoutés en Himalaya. Au final, l'inondation a fait près de 130 morts ou disparus et a endommagé près de 26000 bâtiments, 31 ponts importants, 18,5 km de routes et cinq barrages hydroélectriques.
Une équipe internationale pluridisciplinaire comprenant des scientifiques du CNRS Terre & Univers[1], s’est constituée pour élucider les causes, la dynamique et les impacts de cette inondation dévastatrice.
L’inondation nait au lac South Lhonak, un grand lac pro-glaciaire situé dans une région isolée de l'Himalaya. Le 3 octobre à 22h12 (heure locale), un pan entier de moraine glaciaire sur la rive nord du lac s'est détaché. Cette masse de sédiments et de glace, mesurant 900 m de long et 88 m de large, s'est effondrée dans le lac, créant un tsunami d'environ 20 m de haut. Cette vague a éventré le barrage qui endiguait le lac libérant environ 50 millions de m3 d'eau, l’équivalent de 20 000 piscines olympiques. Cette série d'événements peut être liée au recul du glacier South Lhonak et au réchauffement du pergélisol en réponse à l'augmentation des températures dans la région.
En descendant la rivière Teesta, la crue a emporté d'énormes quantités de roches et de terre provenant du lit et des rives de la rivière. En de nombreux endroits, cette érosion a provoqué l'effondrement des pentes au-dessus de la rivière. 45 glissements de terrain ont été provoqués par l'inondation et environ 270 millions de m3 de matériau ont été ajoutés aux eaux de crue, augmentant ainsi le volume de l'inondation d’un facteur 5. Cette matière a joué un rôle clé dans les dommages causés par les inondations, car de nombreux villages touchés en aval ont été ensevelis sous des mètres de sable et de gravier. Près de la moitié des bâtiments endommagés par l'inondation avaient été construits au cours des dix dernières années, ce qui illustre la façon dont l’urbanisation des zones à risque peut contribuer aux catastrophes.
L'équipe a pu obtenir très rapidement après l'inondation des images à haute résolution de la zone touchée, prises par les satellites Pléiades (CNES/Airbus DS). Ces paires stéréoscopiques ont permis de créer des modèles 3D très détaillés du terrain dans une grande partie de la région touchée par les inondations. Des images antérieures à l'inondation étaient également disponibles, grâce au programme Dinamis[2], ce qui a permis de créer aussi des modèles 3D détaillés avant la catastrophe. Les cartes de changement qui en résultent donnent une vision très détaillée de l'érosion et du dépôt de sédiments à la suite d'un événement GLOF majeur et indiquent qu’en quelques jours seulement, c’est l’équivalent de 9 cm d’érosion de ce bassin versant himalayen.
Des milliers de lacs glaciaires existent en Himalaya et les inondations par GLOF sont susceptibles de constituer un risque croissant à mesure que les glaciers continuent de reculer et que le réchauffement du pergélisol s'accentue.
L’inondation nait au lac South Lhonak, un grand lac pro-glaciaire situé dans une région isolée de l'Himalaya. Le 3 octobre à 22h12 (heure locale), un pan entier de moraine glaciaire sur la rive nord du lac s'est détaché. Cette masse de sédiments et de glace, mesurant 900 m de long et 88 m de large, s'est effondrée dans le lac, créant un tsunami d'environ 20 m de haut. Cette vague a éventré le barrage qui endiguait le lac libérant environ 50 millions de m3 d'eau, l’équivalent de 20 000 piscines olympiques. Cette série d'événements peut être liée au recul du glacier South Lhonak et au réchauffement du pergélisol en réponse à l'augmentation des températures dans la région.
En descendant la rivière Teesta, la crue a emporté d'énormes quantités de roches et de terre provenant du lit et des rives de la rivière. En de nombreux endroits, cette érosion a provoqué l'effondrement des pentes au-dessus de la rivière. 45 glissements de terrain ont été provoqués par l'inondation et environ 270 millions de m3 de matériau ont été ajoutés aux eaux de crue, augmentant ainsi le volume de l'inondation d’un facteur 5. Cette matière a joué un rôle clé dans les dommages causés par les inondations, car de nombreux villages touchés en aval ont été ensevelis sous des mètres de sable et de gravier. Près de la moitié des bâtiments endommagés par l'inondation avaient été construits au cours des dix dernières années, ce qui illustre la façon dont l’urbanisation des zones à risque peut contribuer aux catastrophes.
L'équipe a pu obtenir très rapidement après l'inondation des images à haute résolution de la zone touchée, prises par les satellites Pléiades (CNES/Airbus DS). Ces paires stéréoscopiques ont permis de créer des modèles 3D très détaillés du terrain dans une grande partie de la région touchée par les inondations. Des images antérieures à l'inondation étaient également disponibles, grâce au programme Dinamis[2], ce qui a permis de créer aussi des modèles 3D détaillés avant la catastrophe. Les cartes de changement qui en résultent donnent une vision très détaillée de l'érosion et du dépôt de sédiments à la suite d'un événement GLOF majeur et indiquent qu’en quelques jours seulement, c’est l’équivalent de 9 cm d’érosion de ce bassin versant himalayen.
Des milliers de lacs glaciaires existent en Himalaya et les inondations par GLOF sont susceptibles de constituer un risque croissant à mesure que les glaciers continuent de reculer et que le réchauffement du pergélisol s'accentue.
[1] Les laboratoires CNRS impliqués sont : l'Institut des sciences de la Terre (ISTerre/OSUG - CNRS/IRD/UGA/UGE/USMB) ; le Laboratoire d'Études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS/OMP - CNES/CNRS/IRD/UT3 - Paul Sabatier) ; et le Centre d’études spatiales de la biosphère (CESBIO/OMP - CNES/CNRS/IRD/UT3 - Paul Sabatier)
[2] Dispositif Institutionnel National d’Accès Mutualisé en Imagerie Satellitaire
[2] Dispositif Institutionnel National d’Accès Mutualisé en Imagerie Satellitaire
Publié le 21 février 2025
Mis à jour le 21 février 2025
Mis à jour le 21 février 2025
Références
The Sikkim flood of October 2023: Drivers, causes and impacts of a multihazard cascade.
Ashim Sattar et al.
Science 30 janvier 2025 DOI: 10.1126/science.ads2659
Ashim Sattar et al.
Science 30 janvier 2025 DOI: 10.1126/science.ads2659