Un mur d’escalade connecté pour optimiser la performance des grimpeurs de vitesse pour les JO 2024 !

Recherche, Sport
le  3 avril 2024
L'athlète Jérôme Morel sur le mur d’entrainement connecté du pôle national de la Fédération française de la montagne et de l’escalade installé à Voiron © FFME
L'athlète Jérôme Morel sur le mur d’entrainement connecté du pôle national de la Fédération française de la montagne et de l’escalade installé à Voiron © FFME
Les scientifiques du laboratoire Gipsa Lab (CNRS, UGA – Grenoble INP-UGA) ont réussi à équiper le mur d’entrainement du pôle national de la Fédération française de la montagne et de l’escalade installé à Voiron, de capteurs de force pour concourir à améliorer les performances des athlètes pour les JO de Paris 2024.
C’est au cœur du campus de l’UGA sur le domaine universitaire de Saint-Martin-d’Hères, que le projet est né. Ce travail s’est inscrit dans la cadre du programme prioritaire de recherche PERFANALYTICS porté par Inria et soutenu par l’Association nationale de la recherche. « Les JO de Paris ont constitué une opportunité pour la communauté scientifique pour présenter des projets capables d’optimiser la performance des athlètes. » raconte Franck Quaine, enseignant-chercheur à l’UGA spécialiste en biomécanique du mouvement et lui-même amateur d’escalade. Son premier sujet de thèse, il y a 30 ans, portait d’ailleurs déjà sur le sujet rappelle-t-il.

Xavier Hugues, doctorant UGA (à gauche) et Franck Quaine, enseignant chercheur UGA (à droite) © Dircom UGA
Xavier Hugues, doctorant UGA (à gauche) et Franck Quaine, enseignant chercheur UGA (à droite) © Dircom UGA

Des capteurs intégrés dans un mur d’escalade existant pour donner des indications pertinentes aux entraîneurs

Avec l’évolution des technologies et l’opportunité des JO, il a proposé à Xavier Hugues, de réaliser son doctorat sur ce thème en utilisant un financement du CDP SportPerfhealth, un programme interdisciplinaire de recherche de l’Idex UGA. L’objectif du projet : permettre l’analyse du mouvement du grimpeur augmentée grâce au mur d’escalade connecté afin de donner des indications pertinentes aux entraîneurs quant aux points d’appui et à la force exercée sur les différentes prises par les sportifs pour optimiser la performance en escalade de vitesse. Une contrainte importante : il s’agissait de proposer une instrumentation en capteurs imperceptible pour les grimpeurs en intégrant les capteurs à un mur d’escalade existant.

Pour y parvenir, de nombreuses contraintes étaient à prendre en compte comme par exemple le montage des capteurs de force pour que la mesure ne soit pas perturbée par les importantes sources de vibration produites par le grimpeur. Il a également fallu prendre en compte les déformations locales du mur en bois qui ont tendance à fausser les mesures. Le choix du capteur n’a pas été facile non plus. Il a fallu faire produire par une entreprise le capteur dimensionné sur mesure ce qui a considérablement augmenté les coûts du projet.

À ce stade, 11 prises sur 30 ont pu être équipées ce qui est déjà un bon début pour cibler les parties stratégiques de la voie de vitesse où se joue la performance. Cela permet d’informer le couple athlète-entraineur sur l’efficience des différentes saisies (mains) ou poussées (pieds) lors de leurs tentatives. Cette analyse fine, au plus près du mouvement, permet donc d’évaluer la motricité des athlètes sur ces zones critiques et favorise l’amélioration des performances.

« Le plus important c’est le départ en escalade de vitesse donc nous avons aussi instrumenté une zone au sol pour mesurer la qualité de l’enchainement de la séquence gestuelle initiale (environ 5 mètres à une vitesse verticale de plus de 3 m/s. » précise Xavier Hugues.
Si le mur d’escalade connecté reste un mur d’entraînement qui ne montera pas à Paris pour les JO 2024, il propose une rupture technologique faisant entrer l’escalade dans l’ère du sport connecté et il pourrait avoir sa part dans la performance de l’équipe de France en escalade de vitesse !
Publié le  3 avril 2024
Mis à jour le  3 avril 2024